Dakar, Sénégal - Abdoul
Latif Aïdara, enseignant au Centre d’Etudes Diplomatiques et Stratégiques (CEDS)
de Dakar, recommande la formation des imams, des prédicateurs et des leaders
religieux musulmans pour s’en servir comme principaux acteurs dans la
prévention de la menace terroriste au Sénégal, a appris la PANA samedi soir lors
d’une conférence publique organisée par le ‘’Club du Mandé’’, un groupe de
réflexion.
Le Dr Aïdara estime que ces
leaders religieux sont les plus écoutés par les croyants mais qu’ils ne sont
pas vraiment à la hauteur des enjeux que représente la menace islamiste. « Dix
millions de sénégalais font face tous les vendredis à des imans dans les
mosquées, c’est important comme forme de communication. Ils connaissent bien l’Islam
et le prophète mais ils ne maîtrisent pas les phénomènes contemporains, »
pensent-t-il. L’universitaire recommande à l’Etat de les former sur le
phénomène du terrorisme et les modes de fonctionnement des groupes djihadistes
pour en faire des « agents de communication de masse ». Ce faisant,
croit le Dr. Aïdara, les imams, les prédicateurs et les guides religieux pourront
valablement contribuer « à déconstruire les discours extrémistes ».
Abdoul Latif Aïdara, par ailleurs
directeur de l’Observatoire des menaces terroristes, des radicalismes, des
risques criminels et cindyniques, soutient qu’il existe des réseaux dormants de
terroristes partout même au Sénégal. « Malheureusement le jour où vous
vous en rendez compte, c’est trop tard, c’est qu’ils ont déjà fait quelque
chose, » déplore-il.
Il soutient que le système de la
mondialisation a contribué a crée des humiliés sociaux, des jeunes pour la
plupart qui sont au chômage et ne sentent pas intégrer dans la société. Toujours
d’après ses explications, ces humiliés que le mode de gouvernance produit
souvent s’en rendre compte, se transforment progressivement en une masse des
frustrés sociaux qui se radicalisent et deviennent des proies faciles aux
discours d’endoctrinement véhiculés par les groupes islamistes. « Après leur
endoctrinement, ils deviennent des
bombes ambulantes, » poursuit le directeur de l’Observatoire des menaces
terroristes, des radicalismes, des risques criminels et cindyniques qui invite
les Etats africains à apporter une réponse adéquate et rapide au problème de
l’emploi des jeunes.
En dehors de ses mesures
préventives, il a appelé les pays africains à mutualiser et renforcer leurs systèmes
d’échange de renseignement. « Ce qui se passe dans la sous-région est
extrêmement grave et nos Etats semblent encore dans l’insouciance des cavernes.
Si rien n’est fait, tout l’Afrique sera déstabilisée. Aujourd’hui dans le
système international, s’il y a une entité faible, une terre promise pour les
criminels de tout acabit et tous bord, et bien c’est l’Afrique, » a conclu
le Dr Aïdara.